samedi 2 mai 2015

Quand l'amitié devient musique...

Mon cher Gabriel, merci de cet honneur que tu me fais en me demandant de participer à la réalisation de ce documentaire/tour de Gaspésie, que vous avez effectué tes amis et toi, à l’été 2014, une étoile au cœur et l’amitié bien accrochée dans les haubans de votre aventure.

On a écrit déjà que "le bonheur n’est pas une destination, mais plutôt une façon de voyager."  Cette réflexion résume bien ce que je m’apprête à t’écrire.

Il y a quelques années déjà, avec le Chœur les Voix du Large de Gaspé, je me souviens avoir chanté une pièce musicale composée à partir d’un poème de Jean-Marc Rivière intitulé: l’AMITIÉ. 

Avant de répondre à ton invitation de participer à la conclusion de ton film documentaire, j’ai été décontenancé quelque peu, ne sachant par où commencer ma présentation. Puis, je me suis souvenu de cette chanson. Si tu le permets, je vais t’en citer le texte. Par la suite, tu comprendras qu’elle cadre magnifiquement avec l’esprit de notre belle rencontre estivale avec tes amis, au cours de votre halte estivale d'août 2014, en ma demeure de l’Anse-aux-Cousins. 

"Beaucoup de mes amis sont venus des nuages
Avec soleil et pluie comme simple bagage
Ils ont fait la saison des amitiés sincères
La plus belle saison des quatre de la terre.

Ils ont cette douceur des plus beaux paysages
Et la fidélité des oiseaux de passage.
Dans leur cœur est gravée une infinie tendresse
Mais parfois dans leurs yeux se glisse la tristesse.

Alors ils viennent se chauffer chez moi
Et toi aussi tu viendras

Tu pourras repartir au fin fond des nuages
Et de nouveau sourire à bien d'autres visages
Donner autour de toi un peu de ta tendresse
Lorsqu'un autre voudra te cacher sa tristesse.

Comme l'on ne sait pas ce que la vie nous donne
Qu'il se peut qu'à mon tour je ne sois plus personne.
S'il me reste un ami qui vraiment me comprenne
J'oublierai à la fois mes larmes et mes peines

Alors peut-être je viendrai chez toi
Chauffer mon cœur à ton bois."

Au moment où j’écris ces lignes, il fait un magnifique soleil en ces ides de mars 2015, comme seul le printemps peut nous en faire la surprise. Quelques nuages  se promènent en s’effilochant au gré du vent :

"Beaucoup de mes amis sont venus des nuages, avec soleil et pluie comme simple bagage. Ils ont fait la saison des amitiés sincères, la plus belle saison des quatre de la terre…"

Que voilà un passage qui décrit à merveille les sentiments qui ont certainement dû vous animer, au cours de ce voyage, sans doute mémorable dans vos jeunes têtes de vingt ans. En  de tels moments, l’amitié, la vraie, jaillit spontanément de nos larges horizons. Elle s’amalgame en un seul chœur. Accolée au temps, ce grand bâtisseur de l’amitié, son témoin incontournable et sa conscience, elles s’enrobent dans la "douceur des plus beaux paysages." ceux de notre pays, la Gaspésie, dont j’ai tellement tenté de chanter les gloires à ma façon, dans mes œuvres littéraires. En effet, à l’instar de bien d’autres auteurs gaspésiens, j’ai tenté d’écrire la GASPÉSIE, comme nos ancêtres l’avaient défrichée, avec des mots simples, des réflexes de survie et une parlure qui nous appartient et qui ne tient pas plus que cela à côtoyer un langage par trop ronflant, ou celui trop abrégé de la technologie informatique.

Durant toutes ces années consacrées à chanter les beautés de notre pays gaspésien par la magie et la puissance des mots, j’ai humblement laissé monter un hymne de louange. Aujourd’hui, beaucoup de gens viennent le partager et le savourer avec nous. Nous sommes tous  issus d’un même cœur et d’un même courage, celui de la fierté, de l’authenticité de nos racines et de nos appartenances à une histoire qui ne veut pas mourir et qui continue de se bâtir de belle façon. La littérature, le cinéma, ou toute les autres formes d’expression, ne donnent qu’à ceux et celles qui donnent et leur récompense est grande quand on sait la servir, avec humilité et courage. À l’instar de la musique, avec des mots savoureux, des parlures du terroir gaspésien ressuscités et que nous avons tendance à oublier, au cours de votre périple estival, vous avez su mettre vos âmes en harmonie avec tout ce qui existe. "Comme un oiseau de passage", vous êtes sans doute restés fidèles à vous-mêmes, comme si c’était là votre raison d’être, aussi pure qu’un vol d’oiseau libre, à la recherche d’une floraison d’étoiles, d’un jaillissement de lumière, au matin d’un beau jour.

Moi, je le sais, Gabriel, "dans ton cœur est gravé une infinie tendresse.". Je ne t’apprends rien, en affirmant cela. Tu as dû le constater toi-même. Alors, à ce titre, laisse-là devenir omniprésente dans ton œuvre en images.

Oui, Gabriel, l’amitié, c’est bon. Ce n’est pas autre chose que de rejoindre l’autre, où tout se recoupe depuis le début des temps. Par ta jeune compétence cinématographique, tu nous partages déjà beaucoup de ton énergie et de tes forces. Ainsi, tu donnes raison au poète de la chanson : "Alors, ils viennent se chauffer chez moi et toi aussi tu viendras…" Au fond, c’est simple et beau tout à la fois. Car une amitié, comme dirait Jos, mon vieux pêcheur de père, c’est le bien le plus précieux que l’on peut posséder. S’il avait pu te connaître, Gabriel,  il te l’aurait dit à peu près dans ces termes :

"Mon garçon, garde ton flat l’nez dans la houle. Si tu t’aparcoé quié viré d’travers, qu’ça va mal dans ta vie, qu’lé épreuves s’accumulent sans cesse, donne un bon coup de rame et r’mets-lé face au vent. Comme ça, tu varseras pas."

Bien sûr, en ce qui me concerne, les années ont prouvé que loin de chavirer, ma barque s’est drôlement comportée, même au milieu des tempêtes qui n’ont pas manqué de m’assaillir, mais qui m’ont forgé l’âme à grands coups de battoir, histoire de mieux ciseler encore la belle œuvre d’art qui se pointe de plus en plus dans ma vie. 

Mais, par-dessus tout, ce que tu dois retenir, c’est qu’il ne faut jamais déroger de son plan d’attaque établi : chanter notre pays, ses beautés et ses richesses, mais, surtout, pénétrer le cœur et l’âme de ses habitants et ne jamais les oublier.

Par ton œuvre débutante, Gabriel, tu vas sans doute permettre à beaucoup de personnes de retrouver leurs vies, en y réinstallant la musique. Leurs âmes reprendront alors leurs harmonies, puisque c’est beau la Vie. C’est plein de joie qui éclate, en jaillissant des couleurs particulières d’un grand jour de soleil.

Je sais…Tu vas me dire que je poétise tout. Mais mon ami, la poésie, tu le sais bien, c’est cette musique que tout être humain porte en soi. Car, aussi longtemps que sur la terre il restera quelqu’un comme toi pour nous aider à chanter, il nous sera permis d’espérer.

C’est pour cette raison "que tu pourras repartir au fin fond des nuages et de nouveau sourire à bien d’autres visages." Car mon amitié et ma tendresse de vieil homme demeurera indéfectible pour toi, comme un don béni des dieux, où se profile le bonheur, fragile peut-être, mais dont les voiles restent déployées, prêtes à tout départ éventuel. Avec mon caractère fonceur, mon tempérament de bourlingueur, du fond des terres de Gaspésie, en passant par la vieille Europe, durant toute ma vie, j’ai tenté de représenter la Gaspésie avec honneur, sincérité et probité. J’ai été le chantre d’une contrée inscrite à tout jamais dans les livres d’Histoire, battue par les vents de la mer et qui nous a façonné le cœur et l’âme. Les chants littéraires que j’ai proposés dans mon œuvre sont tous imprégnés des vibrations de la terre où ils ont été créés, ma terre natale de Gaspésie et celle de ton père. Et ces chants entendus, tout jeune, sur les grèves de Pointe-Jaune, j’ai appris à les écouter aussi dans le frémissement du vent soufflant entre la Matapédia,  les grèves de Gaspé, les  falaises de la haute Gaspésie et les dunes insulaires. Toujours, ils avaient parfum des lacs paisibles, des rivières tumultueuses, du jargon gaspésien, des montagnes bleutées, de mers houleuses, enfin de tout ce qui nous a fait comme peuple. Leurs harmonies, je les ai toujours perçues au contact des rudes gens de mon pays. 

À ton tour, Gabriel, il t’appartient maintenant de savoir bien interpréter tous ces gestes et ces émotions avec un profond réalisme et un grand amour. En terminant, ces réflexions, merci de m’avoir invité à cette rencontre estivale, en compagnie de tes amis et, aujourd’hui, d’avoir patiemment lu mes propos. C’est toujours un plaisir renouvelé que de revenir te dire que je t’aime. Peut-être qu’un jour, alors que tu seras confortablement installé en un autre lieu, en un autre rêve et qui sentira bon la lavande, "je viendrai chez toi chauffer mon vieux cœur à ton bois. " Peut être écouterons-nous  ensemble les chuchotements émerger de la liturgie profonde de nos communes racines. Alors, comme des Pierrots malhabiles égarés parmi des croissants de lune, nous retrouverons l’Éden perdu, voyageurs étranges aux confins des nuages.

Sans l’ombre d’un doute, nous pourrons alors refermer notre livre d’âme, en laissant l’amitié psalmodier sa chanson sur des paysages conquis.

"Que sont mes amis devenus,
Que j’avais de si près tenus
Et tant aimés…"  a écrit Rutebœuf, il y a fort longtemps.

Aujourd’hui, Jean-Marc Rivière, à son tour, nous le redit en ces termes :

"Beaucoup de mes amis sont venus des nuages…"

Une infinie tendresse,
Comme les vagues jaillissantes de la mer gaspésienne.

Ah, comme elle est belle la Vie, quand elle chante, quand elle se souvient et quand elle dit MERCI, du fond du cœur…

Oui, un grand merci pour tout, mon ami Gabriel.


Mardi, le 24 mars 2015
Maurice Joncas, le vieil oncle
Anse-aux-Cousins, Gaspé




Si jamais vous êtes intéressés à en lire plus, Maurice est un écrivain/poète avec plusieurs livres de publiés à son actif. Il est même sur Wikipédia! Il possède également son propre blog sur lequel il consigne quelques textes et images par-ci par-là. C'est un homme d'une sagesse et d'une bonté qui dépassent l'entendement et je l'aime de tout mon coeur.





mercredi 29 avril 2015

La Gaspéxpédition

Voici les quatres épisodes de la Gaspéxpédition sur jamais vous voulez les regarder sur mobile :)

dimanche 22 mars 2015

Aidez ces gens à trouver des titres de films!

Il semblerait que plusieurs personnes ont de la difficulté trouver le titre d'un film aujourd'hui!